Concours terminé
Around Keats est une immersion dans les méandres, les regrets et les espérances du poète John Keats. Dame Minimum découvre ses textes avec Hypérion de Dan Simmons et le film « Bright Star » de Jane Campion. Les textes en français et anglais sont adaptés des Odes et des correspondances que John Keats entretient avec Fanny Brawne sur les derniers mois de son existence.
En live Le Minimum, loin des formats, nous embarque pour un concert poétique. La musique plane, singulière. Les guitares sont tranchantes, hypnotiques. Les mots s'abandonnent à la mélodie. Le tempo ralenti et la voix s'étire, lumineuse et vagabonde. Tous entretiennent le feu, transportés, chahutés, des nébuleuses au Mississippi.
Une nuit, arpentant les rues dormantes du XXème arrondissement, Sabine Happart se baisse pour ramasser un bouquin abandonné sur le trottoir : ‘Ronsard, Les Amours’, c’est écrit dessus. Elle l’enfourne dans son sac à mains et l’oublie.
Quelques jours plus tard, au gré de recherches infructueuses pour retrouver quelque fâcheux papier administratif, elle farfouille dans son sac, jetant pêle-mêle tubes de rouge à lèvres, brosses à cheveux, tire-bouchon professionnel, cactus nain et téléphone portable par-dessus son épaule. Quelques kleenex, un flacon de parfum, une clé à molette, une fleur séchée et une poignée de jurons plus tard, et voilà le bouquin qui jaillit tel un papillon pour finir son vol sur le pupitre du piano. Curieuse, toute considération administrative sitôt oubliée, elle en parcourt les pages. « Dis-donc, il savait écrire le vieux, » se dit-elle. « Qu’est-ce qu’il raconte là ? ‘Amour, que j’aime à baiser les beaux yeux de ma maîtresse, et à tordre en ma bouche de ses cheveux l’or fin qui s’escarmouche dessus son front astré comme les cieux.’ J’ai vu pire comme sexto. » Alors la voilà qui chantonne et qui glisse ses doigts malicieux sur les touches du piano. Ainsi écloront les Jungles, toiles musicales miniatures brillantes comme du papier aluminium, où la profondeur parfois désespérée de l’auteur trouve son miroir dans la voix mutine et les arrangements lumineux de Sabine Happart. (Davidovitch Neermanovitch)