Abschaum
On pense aux repères de vieux loups, les yeux cernés d’avaler le bitume et la bière. On pense à la lune, irrévérencieuse, qui aveugle le troisième oeil. On pense à la jeunesse déglinguée, qui n’hésite pas à piétiner la poussière avec leurs godasses trouées. Depuis 2010, le trio Français d’Abschaum, mené par Chris Poincelot, navigue en terrains sauvages. Comme pour mieux dégager la tension, subtile, de leur musique : un héritage définitivement krautrock mélangé, intriqué, malaxé aux influences d’un Alan Vega enragé. Car cet héritage-là, son contexte, son esthétique ne sont pas anodins. Boucles hypnotiques, synthétiques, riffs saturés et voix noire, Abschaum, “vermine” en Allemand, a bercé ses oreilles aux sons des Spacemen 3, Ash Ra Tempel et Can. Mais pas que. Du côté français, aussi, avec un Bashung sombre et sans compromis. De la vermine qu’on aime écouter. Et c’est ce qu’Abschaum inspire de mieux : nous faire danser, tanguer sous les étoiles, avec la lune comme lampadaire de fortune.