Bon Voyage Organisation
Tout commence à Chicago, sur le label de Jamal Moss aka Hieroglyphic Being, Mathemathics Recording, réputé pour son bout gout et son intransigeance. Bon Voyage s’appelle encore Les Aéroplanes et sort un maxi (Impersonnel Naviguant) dédié aux latitudes orientales. Une fois renommé, on change de point de chute : Londres, pour deux EPs (Sorciers des Aéroports, L’Imposture). À chaque fois, le son s’étoffe, un instrument se rajoute, la feuille de route s’élargit avec l’horizon. Les dancefloors acquiescent d’un même geste. La preuve : on retrouve Bon Voyage sur la compilation des DJs incorruptibles du Berghain sortie à l’occasion des cinq ans des soirées Cocktail d’Amore. Comme une validation de la nouvelle dimension acquise par le groupe dans ses live nocturnes, purs moments d’incantations disco où le corps ne met pas longtemps à succomber. Le retour à Paris pour un nouveau disque préparé dans l’ombre annonce une avancée musicale dans la conquête « des seules terres vraiment lointaines qui vaillent la peine » pour sampler un chuchotement d’André Breton.
Pour cette nouvelle destination, un guitariste, un flutiste, et plusieurs chanteuses dont la popstar chinoise LiLijuan ont rejoint le groupe, qui devient alors un singulier orchestre sous le nom de Bon Voyage Organisation. Sans délaisser les rythmiques discoïdes sur fond d’imagerie aéronautique dont le groupe est familier, XĪNGYÈ est marqué par d’autres obsessions chères à Adrien Durand le leader de cet improbable équipe et nous invite dans une étrange odyssée. Si “La Traversée” propose une vision futuriste de la chine de Deng Xiao Ping, “Love Soup” penche vers le roman noir transposé du Los Angeles des années 50 aux comptoirs ELF d’Afrique Occidentale. Le disque propose un curieux équilibre entre une formule rythmique disco menée avec precision par le batteur Nicolas Ballay et une sorte de paysagisme sonore essayant de tirer une ligne droite entre Gold et Ornette Coleman ... Interrogé sur la tonalité très cinématique de sa musique, Durand cite régulièrement les liner notes de l’album Uncle Meat (1969) de Frank Zappa “Music for a film we haven't got enough money to finish yet”. Pas n’importe quel film, un mélange entre Blade Runner et La légion saute sur Kolwezi réalisé par Dario Argento.
Paloma Colombe
Paloma grandit en écoutant du jazz, Sade Adu, de la soul du label Motown. En 2011, à San Francisco où elle vit, elle tombe amoureuse de la scène nocturne californienne, disco et excentrique, dont elle s’inspire pour commencer à mixer.
En rentrant à Paris, après plusieurs résidences pour les établissements Costes et de prestigieux hôtels, elle devient DJ résidente aux Bains – Paris, le célèbre club qui rouvrait alors ses portes. Elle est invitée à jouer à Londres, à Sao Paulo, en festivals…
Son style oscille entre soul-jazz pour les warm-ups et boogie, disco-funk, afro-beat, latin et house sur le dancefloor. Morceau après morceau, elle nous fait voyager de pays en pays : Afrique du Sud 60’s, Tahiti 70’s, Ghana 80’s – sans oublier la France. Ses mixes sont à l’image du Jeudig’, rubrique qu’elle écrit pour le magazine The Arts Factory Magazine, dans laquelle elle redécouvre des vinyles du monde entier. Elle est aussi correspondante et curatrice pour The Vinyl Factory.
Directrice artistique musicale, elle réalise chaque année, pour l’AICA, le sound design de leurs performances live de critiques d’arts. A la fois éclectiques et pointus, ses gouts musicaux lui permettent d’élaborer chaque mix en fonction d’un lieu, d’un public et d’un moment – groove, toujours.