Depuis 250 ans les compositeurs trouvent dans l’écriture pour quatuor à cordes l’intimité et le dépouillement propres à engendrer les créations les plus audacieuses. le programme de ce concert en est une belle illustration.
le « quatuor op. 95 » de beethoven est une oeuvre courte d’une extrême densité. souvent considérée comme une pièce « charnière » dans le cycle des 15 quatuors, elle porte en germe tous les éléments des derniers grands opus. le sous-titre de « serioso » peut s’interpréter comme descriptif du climat général de l’oeuvre, austère et révoltée. lors de l’écoute de ce quatuor viennent immédiatement à l’esprit de l’auditeur les fameux portraits du compositeur, ombrageux et tourmentés.
les quatuors de bartok s’inscrivent dans la lignée de ceux composés par beethoven. les sonorités sont certes différentes, mais l’écriture a la même beauté intransigeante. ce « quatuor nº 5 » est un sommet de l’art du maître hongrois. on y trouve la vivacité, l’authenticité des musiques populaires de son pays natal, mais elles sont ici stylisées et épurées.
ce concert s’achèvera avec l’oeuvre contemplative « ainsi la nuit », l’unique quatuor à cordes composé par henri dutilleux. décédé en 2013, dutilleux était le dernier classique parmi les modernes, un de ceux dont le nom restera dans l’histoire de la musique aux côtés de debussy et ravel, dont il était l’héritier direct.