Claude Barthélémy
— Jazz
« Jazzman » – Novembre 2011
Ne s’attendre à rien, n’avoir aucune idée préconçue. Telle est peut-être la mise en garde qu’il faudrait lancer à l’auditeur non averti de ce nouvel opus barthélemyen. Entouré d’une équipe bigarrée que les habitués reconnaîtront en partie – on retrouve notamment le trio Wintage -, Barthé dévoile ici des humeurs (d)étonnantes qui confirment s’il en est encore besoin son énergie foisonnante et sa puissance compositionnelle. Avec un charme carillonnant et des accents mêlés qui court-circuitent toute classification générique, « Lieder » s’aventure hardiment sur les terrains croisés de la chanson et de la poésie. Le guitariste y exploite à loisir son « goût prononcé pour les oppositions et l’empilage, à pure fin de donner à entendre la musique au-delà des styles par lesquels on la norme« . On y retrouve l’écriture ciselée du double mandataire à la tête de l’ONJ, sa flamme seventies et son goût des contorsions athlétiques dans les arcanes du blues et du jazz-rock, assortis d’une instrumentation plus baroque que jamais (cor anglais, mandoline, hautbois, tap dance, chants d’oiseaux et de grenouiles balinais…). Le tout ponctué d’interventions vocales incarnées notamment par Charlène Martin et Claude Barthélemy en personne, assumant un esprit déluré, un brin désuet, à écouter sans garde-fou. Les paroles sont signées Barthélemy (à l’exception de Un Jour tu verras, de Mouloudji) et soulignent souvent avec justesse la polyvalence de l’orchestration. Ce programme court depuis 2009 et semble avoir trouvé un aboutissement dans ces seize pièces aussi cohérentes que le livret est alambiqué.
Lorraine Soliman