Mario Canonge piano/compos, Michel Zenino cbsse/compos, Ricardo Izquierdo sax, Josiah Woodson trompette, Arnaud Dolmen batterie.
L'association du pianiste martiniquais et du contrebassiste provençal fêtera bientôt ses dix ans de résidence au Baiser Salé, rue des Lombards, à Paris. Chaque semaine ils jouent en duo, le mercredi à 19h30. Depuis quelque temps ce quintette s'est rôdé au Baiser Salé : le Jazz Club de France Musique avait diffusé l'un de ces concerts en février dernier. Le groupe reflète la scène parisienne d'aujourd'hui : un trompettiste américain, un saxophoniste cubain, et un batteur guadeloupéen. Les deux leaders ont choisi cette fois de jouer leurs propres compositions, et le choix est excellent : thèmes élaborés, taillés sur mesure pour ce groupe qui fait référence à l'esthétique des années 60, celle qui prévalait sous l'étiquette Blue Note avec Herbie Hancock, Freddie Hubbard, Joe Henderson et quelques autres.
Au fil des thèmes, les qualités des musiciens se révèlent : formidable pulsation du batteur, beau dialogue entre le sax ténor et le bugle, solide assise, et belles improvisations de la contrebasse, et festival pianistique : Mario Canonge soutient, conforte et relance, et quand vient son tour de prendre le solo, il se lance à corps perdu, manifestement stimulé par l'exceptionnelle qualité de ses partenaires et l'effervescence qui règne, sur la scène comme dans la salle. Il prend des risques, varie les phrases sans lâcher le fil rythmique ou harmonique. Il jubile. Michel Zenino est aux anges : leur groupe est une absolue réussite. Ostinato vocal du pianiste, du saxophoniste et du trompettiste en coda du dernier morceau : le public reprend tout naturellement, et la fête est à son comble. Ovation, évidemment, et en rappel un blues qui prend des libertés avec la structure habituelle : le bonheur, en somme.