ArchiPol
— Chanson française sauce aigre douce : tendre, mordante, décalée
Avec ses airs d’éternel adolescent et son costume en toile de Jouy, ArchiPol détonne un peu dans le macrocosme de la chanson française.
On pourrait croire qu’il cherche à faire tapisserie, ce serait mal connaître le garçon. Pour lui, chaque chanson se visite comme une île avec sa faune, sa végétation, son atmosphère. C’est ainsi qu’il écrit et compose des morceaux où il dissèque le genre humain avec tendresse, mordant et dérision.
Ne nous fions pas, non plus, à ses faux-airs de Peter Pan. ArchiPol s’est construit un solide parcours musical. De ses années passées au Royal College of Music de Londres, il a gardé – outre la technique vocale – le flegme, l’élégance et une certaine forme d’humour british et pince-sans-rire. C’est pourtant bien la chanson française qui l’a influencé et chacun de ses titres raconte son attachement à proposer une musique intemporelle et peu formatée.
A l’écouter, on pense à Boris Vian, à Dutronc, à Souchon pour l’écriture, à Thomas Fersen, Boogaerts ou Nicolas Jules pour la folie douce. Son nouvel album (« Au naturel »), entièrement enregistré en analogique, ne sent pourtant pas la naphtaline : on y trouve du relief, une âme, une rythmique qui détonne.
Et si son regard se fait naïf ou amoureux, c’est pour mieux se protéger des rudesses du monde. C’est aussi pour raconter les travers les plus sombres de la nature humaine sans jamais la juger : la dépendance affective dans La nostalgie de l’allergie, la fin d’un couple dans L’amour vache ou Sous le gel, une histoire d’embryons volés dans une maternité digne d’un film de Jean-Pierre Jeunet.
Ce qui frappe chez ArchiPol, à la ville comme à la scène, c’est sa capacité à aborder les sujets graves, et même parfois tragiques, sur des rythmiques presque dansantes. C’est une écriture au cordeau qui observe nos failles devenir des abysses.
Long story short, une chanson française cuisinée à la sauce aigre-douce.
Chapeau à la fin du concert.