Dr Casey Kush
Chez Casey, l’addiction pour le Hip Hop est apparue grâce à son cousin et les cassettes audio sur lesquelles il enregistrait le fameux Deenastyle de Radio Nova. Elle découvre l’armada américaine de la fin des années 80 et les premiers balbutiements du rap en français. Le déclic est immédiat et un déménagement en région parisienne finit de mettre le feu aux poudres de sa créativité. L’écriture, le rap deviennent indissociables de sa vie et des moyens d’expression adéquats pour faire jaillir toute la rancoeur qu’elle éprouve à l’encontre d’une société fondamentalement inégalitaire et capable des pires atrocités et entorses à ses propres lois pour maintenir la domination des puissants. La verve contestataire de Casey rencontre le grand public dès 1997 avec la compilation « L432 ». La fronde Hip Hop est officiellement lancée et déjà ses connexions avec le label Dooeen’ Damage, ou avec les membres de La Rumeur lui offrent un cadre structurant. En 2001, avec le collectif Anfalsh dont elle est membre cofondatrice, déboule le premier volume des compilations « Que D’La Haine ». Suivent les volumes 2 et 3 en 2004 et 2005 puis un maxi et son premier album Tragédie D’Une Trajectoire en 2006. En 2010, Casey retourne au front avec son 2e album solo : Libérez la bête.
Sonny Troupé Quartet
Groupe accompagné Séquence - FGO-Barbara
On avait découvert Sonny Troupé avec Voyages et Rêves, un premier album plein de promesses. Plus qu’une simple carte de visite, il s’agissait d’une carte d’embarquement vers un univers aux frontières des nombreux styles qui composent la personnalité du batteur guadeloupéen. Le gwo ka, ce tambour qui demeure son ancrage, cette musique dans laquelle le fils du saxophoniste Georges Troupé a tout appris. Le jazz, dont il a été tout autant sevré depuis tout jeune, les maîtres des baguettes Max Roach et Art Blakey, et tous ceux avec qui il a échangé, de Kenny Garrett à Lisa Simone. Mais aussi les musiques qu’il a rencontrées depuis qu’il s’est arrimé à Paris, au tournant des années 2.0 : le funk et le rhythm’n’blues, ou encore le métal et les musiques d’Afrique de l’Ouest, sans oublier la diaspora ultramarine. Tous ceux-là résonnaient dans ce premier album, un trip parsemé de samples et citations, qui interrogeait en creux son identité créole.
C’est encore de cela dont il s’agit avec ce disque, au titre programmatique : Reflets Denses. « Un reflet si dense qu’il en devient une autre réalité avec alors des ressemblances dues à ce réel et des différences dues au fait que c'est une autre entité. » Telle est l’idée que Sonny Troupé décide de développer après Luminescence en duo avec Grégory Privat sorti en 2015. « Mon idée était de prendre comme base un maximum de type de mélodies gwo ka que l'on retrouve dans le gwo ka moderne et dans le style plus traditionnel, et d’en proposer mes propres arrangements. » Un thème dans une veine plutôt classique peut prendre des atours électroniques, un air de facture plus post-moderne peut aussi bien être le sujet d’un retraitement jazz. A chaque fois, la matière première est l’objet d’une réinterprétation, créant une diffraction d’un même sujet, vue en double, au prisme du reflet dense.
En puisant dans cette matière sonore propre au gwo ka et à la Guadeloupe, Sonny Troupé nous invite à une réflexion sur notre rapport au temps.
Projet labellisé par le MOCA, Mois des Cultures d'Afrique