Voilà quelques années qu'on suit l'épanouissement de ce combo francilien qui s'est frotté avec bonheur aux grooves entêtants de l'éthio-jazz. Devenus maîtres dans l'art de ces funks moites directement issus des nuits abyssines du swinging Addis des années 60 et 70, ils ont poursuivi leur quête du (bon) son en amplifiant le côté dansant de leurs compositions et en incorporant dans leur dernier album Visions of Selam un chanteur et une chanteuse habituées à arpenter des horizons bien différents, la griotte malienne à la voix haut perchée Mamani Keita, et le rappeur slammeur américain Mike Ladd.
Si les mélodies serpentines et les sinuosités cuivrées de l'ancienne Abyssinie servent toujours de guide, les riffs électrifiés et les gros beats allumés font basculer le voyage. Alors même que le groupe prend soin de ne pas détisser le métissage complexe à la source de l'éthio-jazz, il ne paraît plus sonner que comme lui-même et s'ancre pleinement aussi bien dans une Afrique élargie jusqu'au fantasme que dans l'espace occidental le plus urbain, le plus contemporain.
En première partie, les Abdul & the Gang viendront nous présenter Chibani, un premier album qui emprunte à l'orient mélodies Chaabi et rythmes Gnawas et les confronte au groove de l'afrobeat... Gnawa Fonk Academy !