À chacune de ses entrées sur scène, le même frisson parcourt le public. Cette émotion a un nom : l’excitation. Sa raison d’être ? Le rapport de ce musicien inouï à l’inattendu et au risque. Le Bayonnais n’a jamais été là où l’on pouvait l’attendre. Malgré le succès, les prix prestigieux, la reconnaissance unanime du monde du jazz et de la musique classique, pas une seconde de la vie de Michel Portal n’a ressemblé à une carrière. Qu’il s’apprête à jouer un concerto de Mozart ou à improviser sans filet avec Bernard Lubat, qu’il dirige un quartet bâti pour les clubs ou qu’il se glisse au bandonéon au milieu d’un collectif de free jazz, Michel Portal doute. Ce doute fondamental, en tension permanente avec une virtuosité hors norme, tient en haleine et produit une musique électrisante. Son dernier quintet en date, construit autour de deux des plus fidèles piliers du jazz « portalien », Bojan Z et Bruno Chevillon, mais aussi Nils Wogram et Lander Gyselinck, résume à lui seul la vie et la musique de cet être unique : fougueux, inclassable, bouleversant.