MOFO Festival

Le MOFO n’est pas mort. Déjà menacé l’an dernier, "le plus petit des grands festivals" aura bien lieu et promet de poursuivre sa mission de soutien aux groupes émergeants et aux talents de demain, en programmant têtes d’affiche et jeunes indés, tous styles confondus, et en ouvrant son fameux village d'irréductibles mélomanes (stands de label, ateliers divers, cantine). Une14ème édition sous le signe du combat et de l’humour, comme le démontre sa nouvelle baseline ("Festival bipolaire, sans bail et sans complexe"),pour de nouvelles aventures musicales.

Mobilisation pour MOFO
La bestiole du 93 a dû montrer les crocs pour ne pas finir au cimetière des éléphants. Le 1er janvier, lors d’une soirée rebaptisée "Rébeillon", Juliette Bompoint, directrice de Mains d’Œuvres, incontournable salle de concerts et lieux de résidence de Saint-Ouen, se félicitait "d’être toujours là". Toujours en vie après des mois d’âpres discussions et de tensions avec la municipalité qui comptait les déloger pour ouvrir en lieu et place un conservatoire (qui existe déjà !). Sommés de vider les lieux le 31 décembre, les équipes de Mains d’Œuvres n’ont toujours pas passé la main, réussissant à obtenir une médiation par avocats interposés, selon Le Parisien.
En mars 2016, Lylo alertait déjà sur cette lutte à venir. "La municipalité (dirigée par William Delannoy, UDI, ndlr) compte nous déloger pour accueillir un conservatoire, alors que nous avons beaucoup travaillé et investi pour que ce bâtiment soit un outil opérationnel pour tous les jeunes créateurs. L’association avait réinvesti et réhabilité ce bâtiment en 1998, un ancien Centre social et sportif des usines Valéo ; nous risquons de nous retrouver à la porte, les salariés comme tous les artistes et les spectateurs qui fréquentent Mains d’Œuvres, mais nous n’avons pas l’intention de nous laisser faire. Ce lieu fait partie de l'histoire de Saint-Ouen et il est emblématique d’une page des politiques culturelles (les nouveaux territoires de l’art), pourquoi vouloir le fermer au prix d'une casse sociale ? Il faut rappeler que nous ne coûtons rien à la municipalité depuis 2014, nous ne touchons pas de subventions (si ce n’est le loyer avantageux à 1 euros, ndlr). Pour ce prix, nous faisons vivre le quartier et contribuons à son développement économique au quotidien", expliquait alors Juliette Bompoint. A noter qu’une pétition en ligne est accessible sur le site de la salle et Change.org.

Pas des manchots
L’an dernier, Mains d’Œuvres avait choisi le tyrannosaure comme mascotte, "une manière de rappeler que la salle, qui existe depuis 17 ans, est le dinosaure des friches artistiques mais qu’il est toujours en forme !" Cette année, le MOFO s’affiche sous les traits du pingouin, démontrant ainsi qu’ils ont bien l’intention de réchauffer l’atmosphère et qu’en terme de programmation, ils ne sont pas des manchots ! Ça commence le 18 janvier avec, entre autres, Mammane Sani, la légende de la musique électronique nigérienne, le jazz minimaliste du quartet Limousine et le projet "Street Organ Ritornellos", une création originale à l’orgue de barbarie de Saudaá Group, alias Alexis Paul, artiste résident de Mains d’Œuvres. Le lendemain, place aux volutes psychédéliques et aux charges krautrock de Camera, à la techno-punk de Giant Swan, aux coups de latte post-punk de Poison Point et déluges de distorsions indue-rock d’Autisti notamment. Enfin, le 20, le MOFO continuera ses virées dans le psyché-rock, la pop lo-fi et elliptique et toutes les variations électro-dinguos avec Dollkraut Band, DBFC, François Lung, Rizan Said, Lonely Band et Lispector. Quelles que soient ses mascottes, MOFO est un monstre merveilleux, pas prêt d’être domestiqué.

 1, rue Charles Garnier 93400 Saint-Ouen / http://www.festivalmofo.org

Mammane Sani