En partenariat avec Soléart Productions
"Au printemps 1997, à l’invitation du Festival de Nîmes, j’ai invité la batteur Paul Motian et le contrebassiste Jean-François Jenny-Clarke à se joindre au duo que nous formions alors avec Jean-Marie Machado au piano. A l’automne de cette même année, nous nous sommes retrouvés pour une tournée et pour l’enregistrement du disque « Takiya ! Tokaya ! » paru sous le label Hopi.
Mon idée de départ était de faire se retrouver Paul et Jean-François qui n’avaient plus joué ensemble depuis le disque mythique « Le Voyage » paru chez ECM quelques années plus tôt. J’étais fasciné par le jeu parfois étrange, voire minimal de Paul Motian et me retrouver sur scène avec lui fut à la fois un grand moment d’émotion mais aussi une façon de comprendre de l’intérieur cette esthétique musicale qui mettait la mélodie au centre de son jeu.
Paul Motian nous a quitté dans une relative indifférence. Batteur incontournable de l’histoire du jazz, il avait de Bill Evans à Keith Jarrett, participé en tant qu’instrumentiste à l’avant garde du jazz mais c’était depuis imposé comme un leader et compositeur inspiré. J’ai eu un véritable choc en écoutant en 1981 au festival de La Roche Jagu son quintet qui réunissait Joe Lovano au saxophone ténor, Jim Pepper aux saxophones ténor et soprano, le guitariste Bill Frisell et le contrebassiste Ed Schuller.
C’est une formation assez proche que j'ai constitué pour redonner à la musique et à l’esthétique de Paul Motian un nouveau souffle. L’origine arménienne de Paul (dont il m ‘avait longuement parlé) m’a conduit à intégrer dans ce projet le plus « arménien » des instruments traditionnels : le doudouk. Et qui mieux que Didier Malherbe réalise la synthèse entre cet instrument exigeant et le jazz. Ce qui est en question ici c’est développer entre les différents artistes un véritable échange chacun avec ses références et ses envies : les miennes me poussent à imaginer une promenade improvisée entre différents pôles écrits en s’appuyant sur les sublimes compositions de Paul Motian. Une fois de plus, l’état d’esprit qui nous anime en proposant cette création, c’est la « Rapsodie ». Le « rapsode » est, au sens étymologique, celui qui « coud » entre eux des éléments disparates. Donc couture et non pas fusion : ce rappel constitue à soi seul une manière de manifeste dès qu'il s'agit de penser la rencontre."
Jean-Marc Padovani
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