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Artiste

Geir Sundstøl

Découverte

Il flotte Sundstøl. Il plane au-dessus des forêts de sapins des rases montagnes norvégiennes, en apesanteur et au ralenti, au son des cordes de ses guitares comme de lointains échos. Musique contemplative au royaume des "folkeux" des fjords et des elfes électro-rock. Le décor s'y prête à merveille : Furulund est un coin paumé de la péninsule scandinave, coincé entre Oslo et Bergen, une pampa froide champignonnée de fermes austères et d'églises luthériennes. A bonne distance du monde des hommes. Ici, le silence est d'or et on respecte les marmottes.

Drôle de gars, ce Geir. Après avoir participé à plus de 260 albums, du boys band suédois a-Ha au célèbre trompet-tiste de nu jazz local Nils Petter Molvaer - il aurait même inspiré le personnage de Gaear Grimsrud dans le film Fargo des frères Cohen, c'est vrai que l'image est raccord -, Sundstøl se lance en-fin dans une carrière solo en sortant ce premier album. Plus qu'un disque, il s'agit là d'un véri-table saut dans le vide. Longeant les déserts du blues, s'approchant à pas de loup des plaines grasses du folk, lorgnant les bouges de la country, l'artiste traverse les répertoires par des traits de guitare comme des coups de pinceaux ; il les évoque et ne s'impose à aucune table. Sundstøl le suggestif. Seul hic, le roi des silences ne vo-yage pas vraiment léger : multi-instumentiste, guitariste de goût, taquinant les dobro (dont un superbe National Duolian de 1937), la pedal steel, la mandoline, le sitar, enfin tout ce qui porte des cordes, on imagine Geir galérer à traîner ses nombreux gig-bags. Mais on s'en moque, car sa musique, elle, joue la carte du dépouillement total. On pense à la sobriété d'un Nicolas Repac, au minimalisme d'un Steve Reich, on vole parmi les volutes du Floyd, on plonge dans un lac gelé et on imagine une farandole de Hobbits. Il est parfois bon de faire le vide.

Geir Sundstøl - Furulund (Hubro/Grappa Musick)

—  Milo Green

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