Surnommé le "guerrier de la paix" pour ses prises de position contre la mondialisation et le pillage de l'Afrique, un temps croqué en "Che Guevara" face à la junte militaire de Moussa Traoré à partir de 1968, Cheick Tidiane Seck n'a de cesse de mêler scène et tribune, à l'image de son dernier album le bien nommé "Guerrier" (Universal Jazz, sorti en 2013).
Du haut de ses quarante ans de carrière, c'est toute l'histoire de la musique africaine qui vous contemple. Paris, Londres, New York, Bamako... Le claviériste, né à Ségou en 1953, n'a eu de cesse de marier la musique mandingue aux rives du jazz, du reggae, du groove et du hip hop (notamment lors d'une tournée avec Rockin' Squat du groupe Assassin en 2013, puis l'année suivante avec Oxmo Puccino). Débutant dans les années 70 dans le mythique Super Rail Band de Bamako, "sideman" des pointures, tous styles confondus (Jimmy Cliff, Carlos Santana, Wayne Shorter, Ornette Coleman etc.), révélé aux yeux du monde avec le superbe album "Sarala" (1995), incroyable pont entre la musique mandingue et le jazz qu'il réalise pour la pianiste Hank Jones, Cheik Tidiane Seck a replacé l'Afrique sur la mappemonde musicale. Le guerrier toucouleur tisse de sublimes patchworks.