Et si la Suède était une terre de blues ? Une contrée de shuffles ténébreux pour gospels luthériens, à l’image de la musique, hypnotique, du dandy scandinave. Dans son 3ème album, l’E.P. And the Great Unknown Part II (Normandeep Blues/L’Autre Distribution), le one-man band suédois délaisse quelque peu les bouges du blues rugueux pour frayer dans les honky tonks du rock plus roots, un rien rockabilly, entre dentelles de guitares psyché-rock et lézardes de lap-steel, ballades folk et "work songs", sans oublier quelques piments conjunto ("Edward Young Took His Gun"), décor d’un lumineux western tex mex moderne. A l’occasion, Bror le swedish boy lorgne les rives et les rythmes afro-cubains, lui qui fut "foudroyé" par le documentaire Buena Vista Social Club. La naturel revient vite au galop, le pistolero au dobro, également saxophoniste, dégainant en clair-obscur pour des complaintes sombres et solaires à la fois, à l’image du titre "O Death", sa propre version des "death songs", ces requiem sans orgues et d’un genre vaporeux. L’artiste pas du tout maudit avouait à FIP avoir été inspiré par la "Nuit du Chasseur" de Charles Laughton et Robert Mitchum. Un thriller sur un pasteur psychopathe, sorti en 1956 . Même flippant, Bror is Beautiful !

—  Milo Green