Comment vais-je me m'habiller ? Enfin, me déguiser pour passer incognito. C'est que je ne veux pas passer pour un agent SNCF au concert tant attendu de Miyavi, le 2 octobre au Bataclan. Depuis que je l'ai vu la première fois sur scène, je ne mets plus les pieds dans mon dressing. Trop déprimant. Miyavi change de peaux comme moi de chemises, et encore je n'ai pas une liquette pour chaque jour de la semaine. Vague impression de participer à l’émission"Vis ma vie" de rock star. L'un de ses tubes s'appelle "What's my name ?". Lui aussi s'y perd.
Avant de devenir l'icône du J-Rock (rock soupe miso), Miyavi a frayé avec le Visual Kei, la scène punk-metal nipponne, un pont de singe entre le théâtre kabuki et le manga gothique. Look androgyne, esthétique Hello Kitty en bas résille, garçons/filles peinturlurés comme des bimbos, tifs en pétard de toutes les couleurs... Ces gars-là confondent scène et podium de mode. Question musique, il faut aimer les déluges de décibels, les riffs de guitare bien gras et les voix de castrats, voire les miaulements de chat. On jurerait qu'ils ont mal quelque part. Des kamikazes en quelque sorte, comme les spectateurs.
On le surnomme le "Samouraï de la guitare". Ça tombe bien, Miyavi réhabilite les guitar-heroes de la fin du siècle dernier, sauf que lui n'a pas les cheveux filasses. Le virtuose de Tokyo martèle sa pauvre guitare comme s'il s'agissait d'une basse, slap style, fièvre funk et vibes au wasabi. Pas du genre à jouer à Mikado. Malgré ses looks "cosplay", ce type n'est pas une fillette. D'ailleurs, vu le nombre de ses tatouages, il a dû être yakuza dans une autre vie : une dissertation de kanjis (caractères japonais) recouvre son dos, sans oublier quelques signes ésotériques et plein de chiffres un peu partout. Compliquée sa grille de Loto.
Son dernier album s'intitule The Others. Les autres, c'est vous, c'est moi, et c'est même lui tant il a de costumes et de masques dans son étui à guitare. Le problème pour le fan, c'est qu'assister à un show de Miyavi donne irrésistiblement envie de faire le shopping. Les autres, c'est l'enfer.