Concert annulé

Pour Bibi, la solidarité n'est pas un vain mot. L'artiste français d'origine centrafricaine a choisi de s'engager pour lutter contre un fléau qui tue chaque année 2,6 millions de personnes : le manque d'eau potable. Le 22 mars, il offrira un concert exceptionnel lors de la Journée Mondiale de l’Eau, afin de soutenir les actions humanitaires de Solidarités International. Toute la billetterie sera reversée à l’association, qui, depuis 35 ans, vient en aide aux populations victimes des conflits ou des catastrophes naturelles.

Fils de diplomate né à Bangui en 1969, avant de déménager en région parisienne à l'âge de neuf ans, Bibi Tanga a toujours été sensibilisé aux heurts qui secouent l'Afrique. Artiste engagé, il dénonce régulièrement dans ses chansons les conflits intercommunautaires et religieux qui minent son pays, et brocarde les armes à feu dans son titre "Ngombe" (tiré de son dernier album "Now", sorti en 2014 chez Jazz Village/Harmonia Mundi). La scène est sa tribune. Voilà pourquoi il a décidé de s'engager auprès de Solidarités International. "Je suis plus que concerné par ce problème car plus de la moitié de ma famille vit à Bangui, dans un quartier où il n'y a ni eau courante ni centrale d'épuration pour avoir de l'eau potable. Depuis les événements de 2013 (lancement de l'opération française Sangaris en décembre, suite à un coup d'Etat par une coalition de rebelles musulmans, les Seleka, donnant lieu à des combats avec les milices chrétiennes appelées anti-Balaka, ndlr), tout cela est malheureusement paralysé. De plus, la majorité des anciens puits sont infestés, bref il est urgent d'agir." Bibi Tanga le fait en musique, lui le chanteur-bassiste fondu des métissages d'afrobeat, funk, soul et de rythmes africains, comme le Montenguéné, une musique traditionnelle du sud-ouest du pays. Un musicien sans frontières, régulièrement comparé à Keziah Jones pour ses mélopées bluefunk et à Gil-Scott Heron pour son flow façon spoken word. Qu'il chante en français, anglais ou en sango, Bibi Tanga exhortent les Centrafricains à reprendre leur destin en main, convaincu "qu'on peut mener de grands combats tout en gardant le sourire". Bibi, la voix de "l'afroptimisme". Pour la bonne cause, ses amis ont répondu présent, parmi lesquels le Professeur Inlassable, Malka Family et le Village, le collectif de Bibi Tanga, d’Ours, du Lieutenant Nicholson, de DjeuhDjoah et de Jacques Daoud.

—  Youri