Dépoussiérer les chansons d'une star coréenne des années 60, inconnue hors d'Asie et oubliée de la Corée du "Gangnam style". Tel est le projet "inbankable" de Baeshi Bang, un quintet de jazzmen parisiens, mené par le saxophoniste Etienne de la Sayette. Il faut dire que l'idée a germé lors d'une soirée arrosée. Au matin calme, il fut décidé d'aller jusqu'au bout de cette longue démarche. Le choix s'est porté sur Bae Ho, étoile filante du nouveau dragon asiatique, orphelin, célibataire et mort à l'âge de 29 ans. Un casse-tête coréen : il a fallu choisir dix titres parmi les 300 chansons du bien barré Bae, pionnier des soupes miso de musique traditionnelle, de K-pop et d'enka japonais, le tout à la sauce des orchestres occidentaux. Dans son album éponyme (Buda Musique/Socadisc), Baeshi Bang revisite ce réper- toire de K-pacotille en lui insufflant des pétards de cuivres à la John Zorn, des tapis d'orgue et de piano hypnotiques (à l'image de l'audacieux réarrangement du tube "Dangshin"), des digressions jazz et des refrains easy listening. Sacrées gueules de bois. Plus que l'hommage à un fantôme ou la relecture d'une bande-son perdue, Baeshi Bang crée une nouvelle école de la K-culture. A chacun son taekwondo.
Un article à retrouver dans notre magazine de juin.