Mission du jour : échapper à l’atmosphère morose d’un printemps qui n’arrive pas. Pour cela, rien de mieux que la musique bouillonnante de l’Amsterdam Klezmer Band.
Rendez-vous ce jeudi 14 avril à la Halle aux Oliviers, le restaurant de la Bellevilloise. A peine entrée, sensation d’embarquement immédiat pour une destination encore incertaine. Si les oliviers trônant majestueusement dans la salle rappellent un climat méditerranéen, un orchestre klezmer embauché pour les sets de table nous ramène en Europe de l’Est. Une mamie - cheveux auburn, robe rouge, une klezmémère communiste ? -, hésite entre se jeter sur son assiette de frites et une gigue endiablée.
Après l’en-cas, on passe aux choses sérieuses, sérieusement décalées. Direction le club pour retrouver l’Amsterdam Klezmer Band. Sur scène, c’est le calme avant la tempête tsigane : les spectateurs sirotent leur bière assis par terre. Sitting en attendant une autre Nuit Debout. Trêve de blabla, AKB débarque. Bérets gris, chemises dans le pantalon et blazer sans manche, bienvenue dans le Bucarest des années 70. Mais l’habit ne fait pas le moine, ces musiciens écument les cafés-concerts et les salles prestigieuses du monde entier depuis vingt ans. Sept potes : quatre cuivres, un contrebassiste, un accordéoniste et un percussionniste à cuillère.
Pas de posture, d’imposture, pas de manière, du klezmer authentik ! On ne peut pas dire que le chanteur-cuillère-castagnette ait une voix à couper le souffle, mais les soufflantes du tromboniste séduisent les oreilles des plus sceptiques. Fièvres des Balkans, volutes d’Amsterdam, le public se laisse embarquer dans cette épopée « kusturicienne ». Le groupe ose une petite chorégraphie, entre zumba et Rabbi Jacob, on cherche encore, avant un feu d’artifice joyeusement foutraque. Grisant, enivrant, "klesmerisant".
