« Ne faites pas ce que j'ai déjà fait », disait Fela Kuti aux artistes engagés dans son sillon. C'est ce conseil que Fanga, depuis sa création en 1998, s'applique à respecter. Son afrobeat, dont il épouse la vocation politique, est le fruit de multiples métissages, depuis le hip-hop jusqu'au funk, en passant par le jazz et la musique mandingue. Articulé autour de son chanteur Korbo, le collectif se nourrit donc de multiples influences. Ce n'est pas pour rien que son nouvel album est titré Kaléidoscope.

En choisissant un nom qui signifie « Force, énergie et puissance»  en dioula, Fanga ne croyait pas si bien dire. La force de conviction est bien ce qui explique que le collectif reste en activité, avec une foi intacte dans sa musique et les messages qu'il véhicule. EP éponyme (2000), Afrokalyptik (2003), Natural Juice (2007), Sira Ba (2009), Afrokaliptyk nation live (2011) et Fangnawa Experience (2012) ont émaillé la carrière du groupe qui prend aujourd'hui un nouveau départ. Kaléidoscope renoue avec l'énergie des débuts. Moins jazz et plus funk, l'afrobeat est désormais combiné aux traditions africaines : Togo, Bénin, Ethiopie, Niger, Mali, Côte-d'Ivoire et Burkina-Faso, sur des textes qui continuent de questionner les notions de justice, de liberté et de droit au bonheur, dans un monde qui en manque cruellement.

Logiquement, la pochette de l'album est un kaléidoscope dont chaque élément évoque l'un de ses titres, de l'enfant-soldat à l'homme-robot. Un collage à l'image de notre société, où l'union fera la force à condition que l'on mette en musique la diversité de ses composantes. Avec Kaléidoscope, Fanga montre l’exemple.